Dédiés à l'amour, voici réunis les derniers poèmes de Paul Eluard,
En cette nuit : les trois premiers :
Le dur désir de durer (1946)
A Marc Chagall
Ane ou vache coq ou cheval
Jusqu'à la peau d'un violon
Homme chanteur un seul oiseau
Danseur agile avec sa femme
Couple trempé dans son printemps
L'or de l'herbe le plomb du ciel
Séparés par les flammes bleues
De la santé de la rosée
Le sang s'irise le coeur tinte
Un couple le premier reflet
Et dans un souterrain de neige
La vigne opulente dessine
Un visage aux lèvres de lune
Qui n'a jamais dormi la nuit
Par un baiser
Jour la maison et nuit a rue
Les musiciens de la rue
Jouent tous à perte de silence
Sous le ciel noir nous voyons clair
La lampe est pleine de nos yeux
Nous habitons notre vallée
Nos murs nos fleurs notre soleil
Nos couleurs et notre lumière
La capitale du soleil
Est à l'image de nous-mêmes
Et dans l'asile de nos murs
Notre porte est celle des hommes
Ordre et désordre de l'amour
Je citerai pur commencer les éléments
Ta voix tes yeux tes mains tes lèvres
Je suis sur terre y serais-je
Si tu n'y étais aussi
Dans ce bain qui fait face
A la mer à l'eau douce
Dans ce bain que la flamme
A construit dans nos yeux
Ce bain de larmes heureuses
Dans lequel je suis entré
Par la vertu de tes mains
Par la grâce de tes lèvres
Ce premier état humain
Comme une prairie naissante
Nos silences nos paroles
La lumière qui s'en va
La lumière qui revient
L'aube et le soir nous font rire
Au coeur de notre corps
Tout fleurit et mûrit
Sur la paille de ta vie
Où je couche mes vieux os
Où je finis.
A demain!
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